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Cahiers intimes d'orientation marxienne
13 septembre 2009

Voyage à l'est

Je rentre à l'instant d'un long tour d'Europe. J'ai placé ce voyage sous le signe du communisme et j'ai voulu voir, partout où j'allais, des vestiges de ce qui s'est effondré en 1989. Je ne suis pas le seul. Il semble même qu'il y a un marché de touristes que ces choses-là intéressent. En Hongrie et en République Tchèque, on trouve dans les boutiques de souvenirs des briquets, des porte-cigarettes et des fiasques customisés d'étoiles rouges. Sans doute des répliques d'objets qui circulaient à l'époque, puisqu'en Bulgarie - là où les trop rares touristes n'ont pas encore épuisé le stock d'objets originaux - on vend les mêmes bricoles mais patinées.
A Prague on peut visiter le musée du communisme. A Budapest, il y a le Memento Park : le cimetière des statues officielles déboulonnées après 1989. Juste à la sortie de la ville. J'ignore pourquoi les Hongrois n'ont pas envoyé ces machines à la fonte. Au bénéfice du doute, peut-être. Ou alors ils ont été pris du même scrupule que moi il y a quelques jours, quand j'ai retrouvé dans mes affaires la fiole d'eau de Lourdes. J'ai eu peur d'être sacrilège en liquidant ça aux toilettes et je l'ai descendue à la cave. Le vrai dieu, sait-on jamais. A Memento Park, deux Chinois m'ont demandé leur chemin et d'où je venais : ils s'étonnaient du nombre de Français qu'ils avaient croisés dans les allées à commenter les reliques. 

Je ne suis pas le seul non, parce que j'ai déniché chez un bouquiniste de Budapest, en français, une histoire de l'URSS par Aragon, un essai de Lukacs sur Soljenitsyne et les souvenirs d'un membre du PCF. Pas le seul parce qu'à Prague on trouve pour quelques centimes d'Euro une anthologie en allemand de textes prolétaires-révolutionnaires. J'ai failli prendre aussi la première édition des comptes-rendus sténographiés des procès de Moscou, mais la libraire en voulait 3 000 Couronnes tchèques.

Je me demande après ce voyage, à l'heure où El Pais publie des photos en couleur du Che, où les touristes français piquent leurs sacs à dos d'insignes soviétiques, où l'on peut faire dans bien des capitales des Red Tours, je me demande si le rouge n'est pas la couleur de l'Europe, ce qu'on a tous en commun. Le rouge, et l'anglais.

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